mardi 20 juillet 2010

Niourk

Je reviens, ratatinée, d'un week-end à Niourk. Oui, Niourk. C'est le nom qu'a donné l'écrivain Stefan Wul à une ville imaginaire, dévastée après une catastrophe hécatombesque qui a réduit la population humaine à une bande de sauvages, style kho-lanta, la décroissance forcée de l'extrême, bref un bouquin très positif.


Ado, j'avais été frappée par cet imaginaire de la ville en ruine. Sous la chaleur martienne que dégageait le soleil (sérieux, il s'est pas trop rapproché de la planète celui-là ? Fais gaffe, je te surveille !), New-York était devenue Niourk, Niourk se confondait avec New-York. Non pas que New-York soit en ruine, je vous rassure. Mais la température et la moiteur qui régnait, ça dégageait une atmosphère de fin du monde. Celle où tous les gens se réfugient dans un quelconque truc climatisé pour pas rester dehors une semi seconde tellement ça pue, ça suffoque et ça colle partout même dans des fringues super grandes exprès (pas du tout pour cacher mes kilos en trop, mais alors pas du tout). La ville était grise, comme encrassée par la pollution et la moiteur, dégoulinante de torpeur, s'étouffant elle-même.

Dehors, plus que quelques touristes s'attardent, très affairés, pour être certains d'avoir checké toute la check-liste de leur guide qu'ils laissent macérer tranquillement sous leurs aisselles (Beeeeurk); quelques fashion-addicts à l'assaut des dernières soldes qui papillonnent de boutique climatisée en boutique climatisée en faisant bien attention de faire le tour de tous les rayons un par un avant de sortir ; et les taxis qui fourmillent comme des coccinelles jaunes qui lézardent les rues.




Et on tombe sur des pubs comme ça : le café le plus chaud du coin (ouais, moi je suis bilingue). Attends jsuis sûre que je te le maîtrise en 2s ton café le plus chaud du coin moi. Avec le temps qu'il fait, suffit de le laisser 5mn dans un endroit en plein soleil, sur une surface bien foncée et pof il fait des bulles ton café. Si. Jte Jure. 5mn. Top chrono.

Alors pour une fois, se laisser porter par la nuit est vraiment facile. L'air rafraîchit, les couleurs s'estompent, les gens ressortent un par un de leurs abris, pomponnés, parfumés, rafraîchis, comme ces individus énervants qui sortent tout propres du cinéma après un gros orage alors que toi tu viens de te prendre la saucée du siècle avec les cheveux qui dégoulinent et tout. Les mêmes gens, mais à l'envers, ils laissent passer le chaud comme on laisse passer l'orage, et ils peuplent la nuit comme des taupes qui sortent de leur trou pour chasser dans la noirceur. Rescapés, ils profitent de la nuit comme si leur vie en dépendait, comme si demain ils allaient cuire pour de vrai dans ce four immense, comme si ils avaient échappé à la fin du monde. Niourk les rend fous.

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Ayez pas peur, ça mord pas !